Israël a indiqué qu’il se prépare à changer son système de détention des enfants palestiniens à la suite de pressions de l’Australie.
Le gouvernement israélien a déclaré hier soir qu’il examinait un certain nombre de mesures à la suite de discussions avec les autorités australiennes.
Le Ministre des Affaires étrangères Bob Carr, à Jérusalem, a fait part de son inquiétude au sujet du système dans lequel les enfants palestiniens, à partir de l’âge de 12 ans, sont emprisonnés ou gardés en isolement jusqu’à 65 jours. Le Sénateur Carr a discuté de cette question avec le Ministre de la Défense Ehud Barak.
Selon un document publié par les autorités australiennes, le Sénateur Carr “a attiré l’attention sur les préoccupations internationales relatives à la détention de mineurs palestiniens”.
Hier soir, le porte-parole israélien Yigal Palmor a déclaré : “ Nous prenons en compte très sérieusement les préoccupations exprimées par le Ministre australien des Affaires étrangères. Nous avons engagé un dialogue avec l’ambassade australienne sur cette question. Des renseignements et des explications ont été fournies sur la nature du système et sur les améliorations qui ont été introduites tout comme sur les mesures supplémentaires que nous projetons.”
L’intervention de l’Australie a suivi un reportage dans le “Weekend Australian Magazine” en novembre dernier sur des réclamations largement exprimées à propos de violences contre les enfants palestiniens en détention, comprenant des tortures.
Trois garçons ont déclaré dans une déposition sous serment que des chocs électriques leur avaient été infligés pour les forcer à faire des aveux, et “Defence for Children International” a dit qu’un interrogateur dans la colonie de Gush Etzion “a la spécialité de menacer les enfants de viol”.
Depuis 2007, DCI a rassemblé 385 dépositions sous serment faisant état de violences.
Dans un article suivant, ”The Australian” a fait état d’un garçon palestinien décrivant comment il a été placé sur le plancher d’une jeep de l’armée et comment à chaque fois qu’il bougeait des chiens risquaient de le mordre.
La question a été source de préoccupation en Israël, où 60 importants spécialistes de l’enfant, universitaires, et psychologues ont écrit au Premier Ministre Benjamin Netanyahu que le fait qu’Israël procède à “des arrestations brutales et des enquêtes qui ignorent la loi”, cause “du mal à une population particulièrement faible et élargit le cercle de l’hostilité et de la violence”.
Le Ministère des Affaires étrangères de Grande-Bretagne a récemment organisé une délégation de juristes, comprenant l’ancien Avocat Général Patricia Scotland, pour aller voir le tribunal militaire. Elle a conclu qu’Israël violait à plusieurs reprises la Convention de Genève et la Convention de l’ONU relative aux Droits de l’Enfant. “Israël ne doit pas faire de discrimination entre les enfants sur lesquels il exerce une juridiction pénale” a-t-elle déclaré.
Environ 2,5 millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie sous occupation militaire israélienne.
En fonction de deux systèmes juridiques différents, les enfants palestiniens sont jugés par l’armée israélienne tandis que les enfants juifs des colonies voisines comparaissent devant des tribunaux civils.
Les enfants juifs bénéficient de tout un éventail de protections que n’ont pas les enfants palestiniens ; par exemple, un enfant palestinien peut être détenu pendant 90 jours sans avoir la visite d’un avocat et 188 jours sans inculpation, tandis qu’un enfant juif ne peut pas être détenu pendant plus de 48 heures sans avocat.
Traduit de l’anglais par Yves Jardin, Groupe de travail Prisonniers